L’ancien président général d’Union Sportive de Douala commente l’actualité du football dans son pays. Il donne son avis sur le professionnalisme instauré au Cameroun il y a plus d’une décennie et fait des vœux pour les clubs dit « mythiques ». Morceaux choisis de l’entretien que le président du Conseil supérieur des sages d’Union de Douala nous a accordé.
Sur la transformation des clubs en société
Je ne suis pas totalement convaincu que l’avènement actuel de la société est une excellente chose pour les Associations sportives. L’argent d’une société, son gestionnaire fut-il le PDG, il y’a des règles que chacun doit observer, car dans toute société, chaque Associé ou actionnaire attend des dividendes ; et pour les avoir, il faut d’abord avoir des recettes sûres, et surtout contrôler rigoureusement les charges, pour s’attendre éventuellement à des bénéfices. C’est très, très difficile dans une Association sportive, surtout dans la conjoncture économique morose actuelle, des joueurs seulement avides d’argent, d’avoir des dividendes. Ce sera un miracle. On verra ce que ça donnera, mais nos membres sont conscients des conséquences fâcheuses d’une gestion hasardeuse d’une société à but sportif.
Sur la déchéance des clubs « mythiques »
Très sincèrement, je déplore la disparition ou la descente en Ligue 2 des grands clubs mythiques tels que Oryx, Caïman, Léopard, Racing, Aigle de Dschang, Diamant de Yaoundé, Lion de Yaoundé, Eclair de Douala, Foudre d’Akonolinga, Fédéral de Foumban, Entente de Ngaoundéré, Dragon de Yaoundé, etc. etc. On constate douloureusement que la flamme allumée en permanence sur les stades camerounais et africains, de 1965 à 1981, est totalement éteinte par l’Union Sportive de Douala, la dernière équipe camerounaise à avoir remporté la dernière coupe des coupes continentale, à Lagos au Nigéria, en 1981. Quelle honte pour notre performance sportive : 1981 – 2025, soit 44 ans de stérilité de clubs camerounais. Dans le contexte actuel, il est très difficile à cette allure, de retrouver de grands clubs comme les équipes de notre époque, car la fusion de plusieurs éléments fondamentaux est difficile à retrouver en 2025, notamment de grands dirigeants riches et entourés de membres sérieux, et de grands joueurs qui aiment leurs Clubs et leur pays le Cameroun, et enfin une fédération et des Ministres des sports à l’écoute des dirigeants. Aujourd’hui, il faudrait une Fédération qui accepte de travailler en harmonie avec tous les Présidents de Clubs, et un gouvernement décidé à venir en aide correctement aux équipes. J’ai toujours dit que les victoires se construisent avec le temps, avec de grands dirigeants capables et sérieux.
Sur ses souhaits pour les clubs « mythiques » en 2025
Mes vœux, c’est seulement une forte interpellation de tous les partenaires du mouvement sportif, c’est-à-dire un gouvernement responsable et attentif, une fédération soucieuse de son vrai rôle, de grands joueurs responsables, et enfin des membres et dirigeants, à la solidarité agissante, au dévouement, et surtout aux sacrifices financiers énormes qu’impose actuellement le management d’une grande équipe professionnelle et ambitieuse.
Sur ses griefs contre les acteurs du sport d’aujourd’hui
Au niveau du gouvernement, le grand soutien que nous, dirigeants de clubs émérites, recevions des ministres passionnés de football, du Chef de l’Etat, excusez-moi de le dire, n’existe plus. A cela s’ajoute la mentalité malheureuse, égoïste des joueurs qui, aujourd’hui, ne privilégient pas la défense des couleurs de la nation, ni de leur association, encore moins la fierté d’appartenir à Tonnerre, Union ou Canon. Ils ont en plus un esprit mesquin. Les dirigeants ne sont pas exempts de reproches. Ils ne pensent plus à faire des équipes qu’ils managent, des instruments de fierté nationale. Ils s’en servent plutôt pour se faire élire maire, député. Ils sont aussi mus par l’appât du gain. A notre époque, il n’y avait pas ce qu’on appelle « professionnalisme ». Mais aujourd’hui on a mis dans la tête des joueurs qu’ils jouent pour gagner de l’argent d’abord, malheureusement.