Le Fondateur de l’Académie Africaine des Arts Martiaux, impressionnante infrastructure sortie de terre il y a 5 ans à Douala, promeut à sa manière ces disciplines sportives. Le spécialiste du karaté ne ménage aucun effort dans ce siens. Il rêve de voir le Cameroun triompher dans ces domaines et n’hésite pas à mettre ses moyens, son carnet d’adresses à disposition. L’homme aux multiples casquettes fait aussi dans l’humanitaire. Il multiplie les actions et les projets visant à améliorer le quotidien des déshérités.
Le 28 Février 2025, l’Académie Africaine d’Arts Martiaux (AAAM) reçoit dans ses locaux, à Douala, un invité de marque. C’est l’ambassadeur de la République de Côte d’Ivoire au Cameroun. Son Excellence Philibert Kouassi Glelaud anime une séance d’entrainement. Le diplomate fait connaître à une trentaine de karatékas ce qu’il a appris notamment lors des sept années qu’il a passées au Japon. Avant de se retrouver sur le tatami, l’hôte du promoteur Louis Roger Youmbi a visité l’infrastructure qui l’accueille.

Sensei Kouassi Glelaud apprécie la présence en son sein d’un atelier de confection de kimonos. Il pense qu’elle favorise l’autonomisation de la femme telle que voulue par l’Organisation des Nations Unies (ONU). L’ambassadeur félicite Me Youmbi pour la qualité du bâtiment. Il est émerveillé par ce qu’il voit. « L’ambassadeur de Côte d’Ivoire, lorsqu’il est arrivé, a dit : « Waouh ! C’est un investissement du Cameroun ? Je lui ai répondu : « non, c’est moi qui ai investi ». II a dit : « mon Dieu, là vous m’inspirez. Vraiment respect, monsieur. Vous auriez fait un hôtel 5 étoiles que vous auriez gagné beaucoup plus ! Ce qui est vrai », raconte le maitre des lieux, sourire éternel en coin.
L’Académie Africaine d’Arts Martiaux, pour rendre leur dignité aux sportifs
L’Académie Africaine d’Arts Martiaux est sa contribution à l’élévation des arts martiaux au Cameroun. « A un moment, j’en avais marre de la France. Je me suis dit que peut-être que je serai plus utile au Cameroun. Une fois revenu au bercail, j’ai eu envie de faire du karaté. J’ai demandé à un ami de m’accompagner dans un club. Franchement, quand je suis arrivé dans ce club, les conditions d’entrainement étaient, excusez-moi le mot, pitoyables. Les filles se déshabillaient devant les garçons pour mettre leurs kimonos. Il n’y avait pas de douches. Il n’y avait rien. C’était sale. Je me suis dit : « Mon Dieu, quelle chance j’ai d’avoir tout ça en France et à ma portée ! C’est ainsi que j’ai juré de mettre un dojo digne de ce nom à la disposition de mes compatriotes », fait-il valoir.

Son but à travers cet investissement qui a aspiré presque toutes ses économies n’est pas le profit. « Aujourd’hui cette académie ne me donne pas d’argent. Je ne gagne pas 100 mille Franc CFA par mois sur ces gamins qui pratiquent le karaté, le taekwondo, le judo », assure Me Youmbi. L’édifice situé dans le 5ème arrondissement de Douala a été inauguré en 2020. Il est bâti sur 700 mètres carrés. Il compte deux étages. Au rez-de-chaussée 45 lits sont disposés dans des appartements. Ils sont utilisés notamment par des équipes nationales en stage. Les pratiquants handicapés du taekwondo étaient heureux de passer par là.
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Le karaté au coeur
Il y a aussi un dojo qui comporte un tatami de 160 mètres carrés. Le premier étage accueille un restaurant. Une deuxième salle est disponible. Elle a 70 mètres carrés de tatami et des vélos pour la musculation. Le bureau de la direction sportive est aussi là ainsi que 8 douches. Au deuxième niveau, 2 grandes salles de classes et 3 bureaux pour l’administration ont été aménagés. Inutile d’ajouter que ce joyau rend fier son bâtisseur. Louis Roger Youmbi assouvit ainsi sa passion pour les arts martiaux. Principalement le karaté. Ce détenteur de la ceinture noire 4ème dan aime ce sport qu’il pratique depuis sa tendre jeunesse.
L’amateur d’arts martiaux aujourd’hui âgé de 57 ans s’initie au Cameroun. Arrivé en France pour poursuivre une carrière de comédien, le natif de Douala prend des cours spécialisés. C’est la proximité de la salle avec le lieu de ses répétitions qui l’y amène. « Comme au Cameroun, j’avais commencé à faire du karaté, mais à un très bas niveau, je suis allé m’inscrire dans ce dojo et j’y suis resté 28 ans », raconte-t-il. 28 ans étant « tout le temps » qu’il a vécu en Hexagone.

Monsieur l' »ambassadeur »
Il ne le fait pas pour la compétition, mais pour sa discipline personnelle, son bien-être. Il recommence sa formation de karatéka au niveau « ceinture blanche ». Youmbi admet qu’il n‘était « pas régulier » dans sa progression et pour diverses raisons. « Vous savez, quand on est en France, on a la maison, le travail, le théâtre… J’avais beaucoup d’occupations », explique l’époux de la journaliste de la CRTV (Cameroon Radio Television) Monique Félicité Tjouen.

Peu avant son retour au Cameroun, l’expert originaire du département du Haut-Nkam (région de l’Ouest) est coopté à la Japan Karate Association (JKA) par son ami Albert Jolibeau Koum. A l’issue de négociations, Youmbi est fait « chairman » (président) pour son pays. La JKA forme entre autres les cadres des fédérations. L’ancien habitant de la localité de Mbanga (région du Littoral) est revenu définitivement au Cameroun il y a trois ans. Au plus fort du scandale sexuel qui secoue et met sous l’éteignoir la Fédération Camerounaise de Karaté, il tente de sauver la mise aux athlètes.
Sous sa direction, l’équipe nationale prend la route destination le Tchad. Les 41 karatékas qui la constituent ramènent une trentaine de médailles de la compétition qu’ils disputent. Louis Roger Youmbi croit que cette belle performance a redonné un nouveau souffle au karaté camerounais. Ce qui lui a fait penser qu’il peut être plus important au Cameroun qu’en France. La Fédération Camerounaise de karaté le nomme « ambassadeur du karaté camerounais » en 2019. Elle récompense ainsi son engagement.

De l’amour à la crise…
Louis Roger Youmbi revendique un carnet d’adresses épais. C’est le fruit des relations qu’il a tissées avec de nombreux dirigeants des fédérations de karaté à travers l’Afrique et le monde. Il compte parmi ces connaissances l’actuel de secrétaire général de la fédération mondiale de karaté. « Ambassadeur », comme il se fait surnommer est si engagé en faveur du karaté de son pays qu’il arrive que l’on le prenne pour le président de la fédération camerounaise lors de certains voyages. Si sa relation était des meilleures avec les instances dirigeantes au départ, elles se sont dégradées entretemps.

« J’ai été exclu du karaté camerounais, rendu inéligible par la Fédération Camerounaise de karaté. Pour non-paiement de frais statutaires qui s’élèvent à 50 mille FCFA. Ce qui est incompréhensible », dénonce-t-il. Ce n’est pas assez pour l’empêcher de promouvoir et poursuivre le développement de cet art martial au Cameroun. « Je suis prêt à servir le karaté à tous les niveaux. Je suis certain que mon expertise pour le karaté le mettra au plus haut sommet. Le karaté est très ingrat. On ne doit pas dire ce que l’on veut. Mais pour moi qui ai vécu dans un pays où l’on est libre de s’exprimer, si ça ne va pas, je le dirai publiquement », prévient l’homme aux multiples casquettes.
De la comédie au monde des affaires…
Louis Roger Youmbi poursuit au bercail une carrière d’entrepreneur lancée en France. Il a créé ici une société appelée « Malaika sécurité » anciennement basée en France. Elle emploie aujourd’hui 300 personnes. Pendant son expatriation, il crée « Euronet clean », une société spécialisée dans le nettoyage et le ménage industriel. « Une société qui marchait très bien », se souvient l’ancien élève du collège ITIC. Il a aussi fait naitre deux entreprises de transport de personnes et de colis. Ces structures ont cessé d’exister en raison du départ de leur fondateur chez lui. Le pays natal qu’il avait quitté alors qu’il entamait la vingtaine.

L’ancien élève des écoles La Dignité et La Liberté, à Douala prend l’avion alors qu’il est en quatrième année électricité au collège ITIC. « Je n’ai pas obtenu le CAP parce qu’il fallait que je parte en France. Au départ, je suis un jeune comédien bien connu, qui fait de l’humour sur la place de Douala. J’ai alors à mon actif beaucoup de sketches à la radio, à la télé. C’est à partir de ce moment-là qu’une opportunité se présente et que je pars pour Paris », relate-t-il. Le jeune homme est alors connu sous le nom « Roi Fosso ». A l’époque il sévit aux côtés de King Moni (avec qui il forme un duo). C’est aussi la période de gloire des Jean Miché Kankan, Massa Moyo, Massa Batré, Massa Kokari.
« La France m’a tout donné »
A Paris, Youmbi rejoint, après un test, une troupe qui s’appelle « les trois coups ». Elle est spécialisée dans le théâtre classique. Le jeune camerounais intègre une troupe qui « avait déjà cent ans ». C’ est le seul Africain de la bande. Il enchaîne les représentations tout en travaillant pour subvenir à ses besoins. Le nouvel arrivant exerce notamment dans les hôpitaux et au SAMU de Paris et du Val d’Oise grâce au diplôme d’Etat d’ambulancier qu’il a obtenu. Deux autres formations lui permettent d’obtenir une capacité de transports collectifs et une autre de transport de colis. Quand il dresse le bilan de son passage en France, Louis Roger Youmbi, est heureux.
« La France, c’est ma terre. Elle m’a tout donné. J’ai des enfants magnifiques qui ont de grands diplômes. Ma fille travaille pour le compte de la France au Congo. Un de mes fils travaille dans une société japonaise où il est un grand juriste. Mon premier fils est conférencier, l’autre est inscrit en cycle de licence de droit. Vous comprenez que France m’a tout donné. Ces sociétés que j’ai créées, ces appuis que le gouvernement français n’avait jamais cessé de m’accorder… ». C’est en France qu’il épouse une Camerounaise qui lui donne trois enfants. Son premier enfant, issu d’une autre relation rallie Paris. Le père veut « qu’il grandisse avec ses frères ». Il leur a donné depuis bientôt un an, une petite sœur.
A la rescousse des déshérités
Les actions de Louis Roger Youmbi, ne se limitent pas aux arts martiaux, à la boxe où il envisage de s’investir et à l’entrepreneuriat. Il est aussi actif dans le domaine social. Au sein de l’AAAM, l’homme au grand cœur a intégré un centre de formation au stylisme-modélisme ouvert aux femmes démunies. Il soutient les orphelins et les personnes vulnérables. C’est ce qu’il a fait le 12 Avril 2025. Une délégation de la Japan Karate Association Cameroun a apporté à un orphelinat de Douala un don envoyé par l’épouse du champion du monde de boxe Francis Tchoffo.
Me Louis Roger Youmbi, a fait savoir aux bénéficiaires qu’il est lui aussi un orphelin et qu’il a enduré ce qu’endurent ceux qu’il visite. « Je suis un enfant de la rue qui a souffert, qui était orphelin. Je suis parti de rien comme ces enfants qui sont là. J’ai grandi. Aujourd’hui, je suis un homme. Un homme accompli », a-t-il dit pour exhorter ces jeunes défavorisés à ne pas se laisser abattre par leurs difficiles conditions et à se surpasser. Déterminé à soutenir les moins nantis, Louis Roger Youmbi s’est engagé au sein de l’association Solidarité des Hommes et Femmes d’Honneur (SHH).

Pour une solidarité plus agissante
Il en a pris la tête le 11 Mai 2025, un an après son adhésion. Le karatéka, dirigeant sportif et promoteur de l’Académie Africaine d’Arts Martiaux est élu au cours de l’assemblée générale extraordinaire, au quartier Bonamoussadi (arrondissement de Douala 5ème). Le nouveau président de cette association qui regroupe des personnes vivant au Cameroun et à l’étranger s’engage à renforcer la solidarité envers les plus faibles. Créée au départ pour l’entraide et le soutien aux personnes en difficulté financière, victimes de malheurs, malades, SHH devra évoluer sous Louis Roger Youmbi.
« Nous irons plus loin prochainement. On va essayer d’œuvrer encore pour le bien des Camerounais. Ce sera à travers des visites dans des orphelinats, des hôpitaux, des prisons, la réalisation des projets d’eau potable dans nos cités, villages, la construction des écoles », annonce alors le nouveau boss. Comme à son habitude Me Youmbi voit grand.


